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The Real Kristen Stewart
24 août 2014

Olivier Assayas parle de Kristen

Dans une interview pour 'Le Mauvais Coton', Olivier Assayas parle de la relation entre Kristen et Juliette Binoche ...

 

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Le Mauvais Coton : Lorsque vous avez choisi Kristen Stewart, avez-vous opté pour l’actrice ou pour le phénomène qu’elle représentait ?
Olivier Assayas : Les deux à la fois ! La spécificité de ce film, c’est qu’il y a une dimension romanesque et une dimension complètement documentaire dans la mesure où nous n’oublions jamais que Juliette Binoche est Juliette Binoche, que Kristen Stewart est Kristen Stewart et que Chloë Grace Moretz est Chloë Grace Moretz. Ce que nous-mêmes savons d’elles résonne à l’intérieur du film, en devient une dimension supplémentaire. La raison pour laquelle j’ai choisi Kristen à la base n’est pas celle-ci, c’est tout simplement parce qu’elle est l’incarnation idéale du personnage. Mais il est vrai que j’avais besoin que Juliette soit confrontée à un personnage qui soit son égal, pas une personne qui soit en admiration béate devant elle mais quelqu’un qui représente une force, y compris menaçante, pour la comédienne Juliette Binoche. Kristen est une jeune fille qui est au summum de sa notoriété, elle est intimidante et elle a aussi une forme de dureté, de sévérité. Il se trouve que je l’avais déjà croisée plusieurs fois puisque Charles Gilibert, le producteur du film, avait également produit Sur La Route de Walter Salles (2012) et que mon précédent film, Après mai, circulait en festivals sur la même période. Ce que j’observais d’elle prouvait qu’elle avait une singularité, une force, quelque chose de très différent des comédiennes que j’avais connues. Il y avait quelque chose en elle que le cinéma n’avait pas encore saisi… Ce qui est courageux, c’est son acte d’être venu faire ce film-là, à ce stade de sa carrière, au fin fond de la Suisse et sans possibilité de retour à Hollywood les week-ends, au milieu d’une équipe de cinéma européenne qui fonctionne très différemment de tout ce qu’elle connaissait jusque-là. Et puis je crois aussi qu’elle a eu la modestie d’aller vers Juliette Binoche par pur désir d’apprendre, car elle avait le sentiment que cela pouvait lui ouvrir un nouvel espace…
A l’inverse, est-ce que Juliette Binoche savait ce que représentait Kristen Stewart ?
Elle le savait à peu près. Mais est-ce qu’elle s’attendait à avoir en face d’elle quelqu’un de si doué et intense ? Je ne crois pas… Le scénario gravite autour de ce personnage trouble de Kristen et je crois que cela a stimulé Juliette.
Justement, au regard de la relation entre ces deux personnages, on a l’impression que le film aurait pu prendre des tas de directions différentes. Comment avez-vous travaillé pour maintenir un équilibre linéaire et assez simple ?
Disons que les nuances entre les deux femmes relèvent d’une relation qui s’est construite sur le tournage. J’ai vraiment écrit un scénario dépouillé. J’aime laisser de l’espace à mes comédiens. On n’a pas exactement tourné dans l’ordre chronologique, mais tout de même, nous avons commencé par la scène du train qui a permis de poser les personnages, ensuite nous avons tourné tout ce qui ne se déroulait pas en montagne pour enfin terminer sur Sils Maria. Au fond, le fait de tourner en continu fait que les deux comédiennes s’étaient habituées l’une à l’autre, elles étaient prêtes à se lancer dans ce qui était l’enjeu central du film. Jour après jour, scène après scène, je sentais qu’elles prenaient des libertés, qu’elles réinventaient les scènes, qu’elles les tordaient d’une façon que je n’avais pas forcément anticipée. Il y a par exemple ce moment où les deux femmes reviennent de leur rencontre avec Jo-Ann et rigolent ensemble à l’hôtel. Cette scène n’était pas du tout écrite comme vous l’avez vue à l’écran. Pour la resituer, c’est juste après cela que se produira la dernière dispute. Ce qui se produit à ce moment-là, c’est en quelque sorte déjà la séparation. Or, les actrices ont décidé d’en faire le moment de complicité le plus intime du film, et cela amène une densité étrange à la scène. J’ai hésité car je sentais qu’elles avaient envie de cela et en même temps elles avaient peur de perdre le fil. Si cela ne s’est pas produit, c’est qu’elles étaient arrivées au bout de quelque chose. Cette relation s’est vraiment établie pendant le tournage. Une fantaisie se mettait en place entre elles et il fallait s’en servir. Constamment j’ai donc ajusté les dialogues, ou les ai même laissées le faire elles-mêmes.
Source: Kstew France
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